Le philosophe Bernard-Henri Levy qui, quoi qu’on en dise, n’hésite pas à s’engager pour les causes humanistes, a lancé un mouvement de soutien à Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort par lapidation en Iran.
Dans une interview au magazine marocain Tel Quel, BHL explique sa démarche : “Pourquoi cette campagne ? Parce qu’il faut sauver une femme. Cette femme. Et, à travers elle, toutes les femmes victimes de traitements dégradants, inhumains ou barbares.”
Mais il va plus loin en précisant sa pensée, et en faisant la distinction nette et plus que jamais nécessaire entre Islam et islamisme : “dans islamisme ce qui compte c’est isme plus que islam. (…) Dit autrement: avec un musulman, même orthodoxe, je dialogue, je dispute et, si je priais, je pourrais sans doute prier ; avec un fasciste (…) l’affaire est politique et l’affrontement sans merci.”
Vous pouvez retrouver l’interview intégrale ici et signer la pétition de soutien à Sakineh là.
http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article03/EEAupAukEuZoUpCdmG.shtml Il est difficile de mesurer le véritable impact de cette campagne. Elle fit partie d’une offensive générale de réhabilitation de l’impérialisme américain sous la bannière des “droits de l’homme”. Certes, ces publicistes ne furent jamais pris au sérieux par les universitaires et les enseignants de philosophie, mais ils gagnèrent une célébrité immédiate grâce au zèle mis par les médias (à commencer par le Nouvel Observateur) à diffuser leur “nouvelle” version “philosophique” de la propagande de Guerre Froide.Cela peut paraître bizarre de la part d’une célébrité de la jet set qui mène une vie de grand luxe, mais, pour BHL, le modèle à émuler n’est autre que le prophète de l’Ancien Testament, qui dénonce les mauvaises idées qui mèneront le peuple à sa destruction. Cela devient explicite vers la fin de ce dernier livre (comme dans un de ses premiers, Le Testament de Dieu).Leur référence inépuisable est le Talmud.Ce rejet est central dans l’attitude religieuse envers l’Holocauste, ou la Shoah (c’est-à-dire, le génocide des juifs compris en termes religieux). Pour les défenseurs de cette religion contemporaine, il est inacceptable de chercher des explications matérielles à des évènements qui doivent rester “incompréhensibles” de par leur énormité. La moindre tentative d’expliquer la montée de Hitler par des faits tels que le choc de l’humiliation de la défaite de 1918, la perte de territoires nationaux, l’inflation galopante suivie du chômage de masse, est rejetée comme un effort visant à “excuser”. Toute explication autre que la haine éternelle des juifs risque même d’être dénoncée comme de l’antisémitisme.Il reconnaît implicitement une réalité que beaucoup d’autres refusent de voir, c’est-à-dire qu’en Europe, aujourd’hui, l’authentique religion, celle dont le sens du sacré fonctionne encore, c’est la Shoah, l’Holocauste. “Que reste-t-il pour le génocide des Indiens d’Amérique, me demanda, un jour, le chef indien antisémite Russell Means? Rien; les juifs américains ont tout pris; ils se sont approprié jusqu’à l’idée de génocide.” Là-dessus, BHL fait même une rare mention des Palestiniens, dont le pire ennemi serait “ce vacarme qui se fait autour de la souffrance du peuple juif et qui couvre leur voix à eux” (p.318).