Dans leur très grande majorité, les musulmans de France sont tous d’accord sur la nécessité de suivre les règles de vie du halal, et de la nécessité d’avoir des règles claires à ce sujet. Les disparités, nées de l’absence d’un document unanime, conduisent à la discorde, qui est le pire des maux.
Sur le sujet de la viande et de l’abattage, c’est la méconnaissance des règles et des différentes certifications (voir notre article précédent) qui crée la disparité et le débat.
En plus du caractère religieux, l’argent vient troubler la donne : nécessité économique oblige, certains abattoirs préfèrent tromper leurs clients ou se passer de certifications fiables pour gagner plus. Où mettre les limites ? Autre débat.
Certains producteurs, prétextant le principe de darura (contrainte), s’appuient d’ailleurs sur des fatwas pour pouvoir utiliser l’électronarcose ou l’abattage mécanique, normalement tous deux interdits. Le souci est qu’une électronarcose effectuée en respect des lois européennes a 99,9% de risques de tuer l’animal, ce qui est contraire au principe de “réversibilité” de l’abattage halal, qui précise que l’animal doit simplement être étourdi. Là encore, que peut-on accepter, que doit-on refuser ?
En résumé, les trois principaux débats au sein de la communauté sont :
– L’abattage mécanique
– L’electronarcose avant sacrifice (l’animal est électrocuté dans un bac d’eau)
– Le choc électrique après sacrifice (l’animal est placé sur une plaque électrique)
(Rappelons que ce débat ne porte que sur l’abattage : au niveau de l’élevage beaucoup de problèmes se posent également, mais il faut traiter les points l’un après l’autre !)
Ces trois méthodes, sujettes à débat, ont un avantage considérable : elles permettent d’augmenter la cadence d’abattage et donc, de gagner davantage d’argent. L’électronarcose, pour un personnel équivalent, peut multiplier la cadence par deux voire quatre.
L’abattage mécanique est possible selon certaines autorités musulmanes, mais n’a d’intérêt qu’après électronarcose. Or celle-ci est interdite par ces mêmes autorités… Autoriser l’abattage mécanique est donc un non-sens. Pourtant, certaines marques comme Doux pratiquent à la fois électronarcose et abattage mécanique sur des animaux dont la viande est ensuite vendue sans scrupule dans le monde entier, pays musulmans compris.
L’électronarcose fait l’objet d’avis contradictoires selon les fatwas, et selon les animaux. Pour les ovins, elle est globalement autorisée, mais d’une part les conditions pour le bien-être des animaux sont très contestées, d’autre part et surtout son enjeu économique est très faible (5% du marché du halal en France).
Pour les bovins et les volailles, c’est la réversibilité du processus qui pose problème : ne peut être autorisée qu’une électronarcose “réversible” c’est-à-dire qui ne soit pas assez puissante pour tuer l’animal. Cela exige des mesures et des précautions complexes et coûteuses.
Comment résoudre ce débat ?
En Islam existe la règle de la “sortie de divergence” : un consensus est possible autour de la majorité. Par exemple, si certaines écoles disent que l’électronarcose est halal alors que d’autres disent que ce n’est pas halal, toutes sont d’accord pour dire qu’un abattage sans électronarcose est halal. La sortie de divergence dit donc que seul l’abattage sans électronarcose est halal.
C’est sur les bases de ce débat que la Charte Halal française est en train d’être constituée.
Malheureusement, on regrettera qu’elle s’écrive sans le concours des certificateurs privés ou associatifs comme AVS, Halal Services ou Achahada, reconnus pour leur sérieux.
Cette charte se heurte également aux intérêts particuliers qui font qu’aujourd’hui, toute discussion est bloquée. C’est l’enjeu économique, et donc l’argent que chacun peut en tirer, qui est la clé du débat.
D’ailleurs, certains abattoirs certifiés fournissent des viandes respectant totalement les règles du halal, sans électronarcose, abattage mécanique ni choc électrique comme les établissements La Guillaumie. Comme quoi, c’est possible !
Il existe d’ailleurs des méthodes halal permettant d’augmenter la cadence tout en respectant les règles, et qui permettraient même de réduire le stress des animaux. Mais ces méthodes idéales supposent un investissement lourd que les producteurs n’ont aujourd’hui aucun intérêt à faire, étant donné que les consommateurs ne le réclament pas. On le voit, c’est encore le client final, vous et nous, qui avons le pouvoir de faire changer les choses en étant plus vigilants et plus exigeants.
Les autres épisodes :
Le halal en france episode 1 : Qu’est-ce que le halal?
Le halal en france episode 2 : Qui fait ?
Le halal en france episode 3 : La situation actuelle.
Le halal en france episode 5 : La position de paris-halal
“une électronarcose effectuée en respect des lois européennes a 99,9% de risques de tuer l’animal”…c’est totalement faux…une électronarcose bien réglée étourdie l’animal puisque pour que le sang soit expulsé, il faut impérativement que le coeur batte…donc à 120 V et 10 de fréquence…l’animal est étourdie…et si le travail est bien fait, un simple contrôle rétinien ou test de réveil le prouve…c’est d’ailleur une obligation dans le cadre des formation RPA/OPA que chaque saigneur/accrocheur doit passer…merci de rectifier votre argumentaire qui est totalement faux sur ce point…