C’est le monde à l’envers : alors que les laïcs et les non musulmans s’unissent contre le barbecue hallal organisé par la mairie de Dijon à l’issue d’un tournoi de football pour les jeunes des quartiers défavorisés de la ville, voici qu’ils pourraient tous bien, à leur insu, manger pourtant de la viande hallal…
Selon une étude des Directions Départementales des Services Vétérinaires normandes, il semblerait qu’une grande partie des viandes commercialisées en grandes surface, et non labellisées (c’est-à-dire sans que soit spécifié s’il s’agit d’une viande hallal ou pas), soient pourtant bien hallal. Sans label, et donc sans la possibilité pour le consommateur musulman d’identifier clairement si la viande provient d’un animal abattu selon le rite islamique, cette viande est donc considérée comme “haram”, non hallal.
C’est parce que les pratiques d’abattage hallal et non hallal sont aujourd’hui tellement proches que certains abattoirs préfèreraient pratiquer systématiquement l’abattage hallal. Ils le spécifient ensuite lorsque la viande vise un marché musulman, mais s’en abstiennent lorsque le marché n’est pas musulman. Ainsi, de nombreux consommateurs catholiques ou athée se nourriraient sans le savoir comme les musulmans.
Cette ironie commerciale ne fait rien d’autre que traduire le mépris des entreprises pour les consommateurs qui ont quand même le droit de savoir ce qu’ils mangent, même si consommer de la viande hallal n’est pas interdit à un non musulman. Des viandes spécifiées hallal sont également commercialisées alors qu’elles ne respectent pas le rite. Mépris, ou crise économique, reste que l’information est dûe. D’un autre côté, on pourra y voir une façon ironique mais drôle de se retrouver tous ensemble autour de la même table…